• L'Etat de Grace

     L'ETAT DE GRACE

    Etant un inconditionnel de séries télé, j'ai toujours regretté le manque d'audace de la fiction française, souvent remplie de bons sentiments et ininteressante au possible. Alors, pensez-bien, quand j'ai appris que France 2 diffusait ce mercredi une fiction enfin innovante, je n'ai pas manqué de la regarder. L'Etat de Grace frappe fort pour une première. Oser mettre en scène une femme présidente de la Republique, il fallait y penser !

    Après avoir visionné les deux premiers épisodes, mon impression est plutôt bonne. En résumé, on aurait pu s'attendre à bien pire. Bien sûr, L'Etat de Grace n'a rien de comparable avec son équivalent américain Commander in Chief. Ici on est dans le registre de la comédie, même si l'on ne s'interdit pas quelques instants d'émotion.

    La grande force de la série est de multiplier les clins d'oeil et ne pas hésiter à anticiper. On s'amuse ainsi à repertorier ces petites allusions. Parmi les clins d'oeil, le premier ministre, qui voue une haine féroce à Grace, tente de la descendre dans les médias. Pour cela, il veut organiser un débat chez Marc-Olivier Fogiel en affirmant " Il nous doit bien ça...". Ce premier ministre étant de droite, toute coincidence avec les préférences politiques de Marco ne serait pas purement fortuite.

    Autre exemple, Grace refuse d'apparaître dans les émissions grand public telles celle de Drucker, qu'elle nomme, car elle ne souhaite pas déverser des flots de banalité.

    En vrac, on aura pu assister aux premiers pas de Christophe Barbier (journaliste du Point et de LCI) dans la fiction. Il joue un rôle de composition, puisque journaliste politique, mais sous le nom de Christophe Hatier. De même, Paris Match est l'hebdo choisi par la présidente pour s'afficher avec son mari. Et c'est un bon point de cette fiction, tous les titres de journaux cités existent, contrairement aux partis politiques qui ont des noms inventés de toutes pièces, afin d'éviter tout problème juridique. Le parti de la droite a le nom de Union de la droite, et Grace Bellanger est sans étiquette, issue du monde associatif.

    Avec cet élément, on touche aussi au côté irréaliste de la fiction. Même s'il s'agit d'une comédie, on pourra regretter certaines scènes trop loufoques. Pour vous citer deux cas, au cours d'un dîner, le mari de la présidente arrive en jupe écossaise, évitant de peu l'incident diplomatique. Ou encore, la présidente de la Republique sort plus souvent qu'à son tour dans la rue, incognito, sans le moindre service de sécurité. Inenvisageable réellement.

    L'autre raison pour laquelle j'ai apprécié L'Etat de Grace est, comme je vous le disais, sa tendance à anticiper. Poussant l'audace jusqu'au bout, les scénaristes ont imaginé que les Etats-Unis feraient le grand saut également. La présidente a établi une grande complicité avec une certaine Hillary Clinton ! Complicité qui autorise malgré tout quelques piques envers le pays de l'oncle Sam. Lors de la scène où la présidente française apprend que la CIA s'est procurée son test de grossesse (eh oui, car non contente d'être la première femme à acceder à la fonction suprême, voilà qu'elle va se retrouver avec un marmot sur les bras !) et n'en a pas informé son homologue américain, elle pense que c'est pour éviter la formation d'un nouvel "axe du Mal" de la solidarité féminine (référence à peine voilée aux pays figurant sur la liste noire de Bush) , une "Internationale des Amazones" ajoute-t-elle.

    Dans le domaine de la politique-fiction, quelques éléments interessants à noter : Grace annonce lors d'un discours à la tribune de l'ONU qu'elle souhaite un élargissement du Conseil de sécurité et un bulletin radio nous informe que l'Iran a effectué un tir de missile visant Israël.

    L'Etat de Grace

    mélange donc avec talent humour et petites critiques de la société, saupoudrées d'une dose d'anticipation. Un vent nouveau souffle désormais sur la fiction française, déjà initiée par Clara Scheller (sur la même chaîne l'année dernière). On ne peut qu'espérer que l'expèrience ne s'arrêtera pas après les six épisodes de ce programme et que d'autres chaînes lui emboîteront le pas.

     le chien, Jean-Paul (!)

     

    BONUS --> Le téléphone portable est l'un des ressorts comiques de cette fiction. A chaque appel, le numéro de l'interlocuteur apparaît tel qu'il a été nommé dans le répertoire de la personne jointe. C'est ainsi que l'on voit le premier ministre surnommé "ballon de baudruche". Allusion à une scène dans laquelle Victor Tage, chef du gouvernement, compare Grace Bellanger à un ballon de baudruche qui va rapidement se dégonfler. Rancunière, la présidente ? A peine...


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