• La vie en gros - France 2

    (diffusé dans Envoyé Spécial le 23 fevrier 2006)

    Le reportage commence par un rappel qui semble une évidence : l'obésité est une maladie comme les autres. Malheureusement, elle n'est pas perçue comme tel par la société.

    Envoyé Spécial nous en montrait donc les difficultés au quotidien. Une femme témoigne.

    - il leur est impossible de manger dans la rue, au risque d'y affronter les regards accusateurs d'autrui.

    - dans le métro, il faut anticiper pour espérer trouver une place, et surtout, affronter les réfléxions des enfants, "Regarde maman, la grosse dame !"

    Un autre homme raconte sa mésaventure à l'aéroport. Au moment de prendre son billet retour, on l'a conduit dans les bureaux pour mesurer son tour de taille, à l'aide d'une étiquette pour bagage. Comme il faisait plus de 160 kgs (obésité morbide selon les spécialistes), il a été obligé de payer un deuxième billet. Une fois dans l'avion, il s'est rendu compte que l'accoudoir de son second siège ne se levait pas, ce qui signifie qu'il a voyagé serré en ayant payé. Depuis, il a décidé d'intenter un procès à la compagnie, malgré le fait que celle-ci lui ai proposé le remboursement du billet. Il espère que cela fera jurisprudence.

    Autre difficulté : s'habiller. La plupart des magasins ne proposent rien au-dessus du 42. Et quand des personnes obèses ont le malheur de vouloir essayer quand même, elles essuient les remarques désobligeantes des vendeuses ("Ne l'essayez pas, vous allez me le craquer !").

     

    Mais le plus scandaleux n'est pas là. Les journalistes ont constaté que les obèses ne sont pas égaux devant les soins. A l'hôpital, rien n'est fait pour leur faciliter la vie. Les lits, fauteuils roulants et autres blouses sont trop étroits. Le comble, c'est qu'il est même impossible de passer une IRM. Pour detecter d'eventuelles tumeurs, on a donc recours à des techniques vieilles de 30 ans. Et si l'IRM est indispensable, il faut se rendre dans une école vétérinaire pour utiliser les mêmes appareils que ceux réservés aux agneaux et aux chevaux.

    Envoyé Spécial s'est ensuite employé à montrer à montrer le problème sous l'angle de la discrimination à l'embauche. Un test grandeur nature a été réalisé, avec d'un côté une personne mince et de l'autre une en surpoids. Les résultats ne se sont pas fait attendre. La mince est reçue avec tous les honneurs, peut passer directement un entretien d'embauche... tandis que la plus malheureuse, pourtant dôtée des mêmes qualifications, doit prendre rendez-vous ou attendre que le patron interessé la rappelle éventuellement, ce qui, bien sûr, ne sera jamais fait.

    Pourtant quand une personne obèse a la chance de pouvoir être embauchée, elle est traitée comme une moins que rien. Ainsi, cette jeune coiffeuse, qui a pris du poids au fur et à mesure des années de travail. Sa patronne, excédée, l'a un jour placée devant un miroir en lui disant : "Tu es trop grosse, tu n'as pas l'etoffe d'une coiffeuse.". Elle a démissionné.

    Une autre était infirmière. Les humiliations en sa direction étaient quotidiennes. Ses "collègues" l'affublaient de surnoms tels "Elephant bleu" ou "Double gras".

    Si la démission peut paraître la solution immédiate, il ne faut pas oublier que trouver du travail par la suite relève du parcours du combattant. Aucune statistique ne prend encore en compte les personnes en surpoids en tant que groupe mais il serait interessant de comparer le taux de chômage existant parmi cette catégorie de personnes, par rapport aux autres.

     

    Le reportage, lui, a bien fonctionné auprès du public avec 4 678 400 téléspectateurs et 18, 6 % de parts de marché. Comme quoi, il n'est pas necessaire de mettre en scène des pin-up pour faire de l'audience.


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