• Astérix, un coup pour rien

    Le ciel lui tombe sur la tête. Tel est donc le nom du trente-troisième album des aventures de notre célèbre gaulois. J'attendais sa parution avec impatience et c'est dès les premières heures que je me suis présenté chez mon libraire. Je vous passe les détails.

    N'y tenant plus, je m'installe sur le premier banc et entreprend ma lecture.

    Ca commence bizarrement. Astérix et Obélix revienent de chasse et découvrent que leur village est figé. Seul Panoramix n'a pas été touché. C'est dû en fait à la potion magique, qu'il a bu juste avant. Puis apparaît une soucoupe volante, oui, une soucoupe volante. Un extraterrestre se présente alors à nos gaulois, à la recherche de leur arme secrète. Je n'en dévoilerai pas plus, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, si plaisir il y a...

     

     

    Ce nouvel opus fait figure d'ovni, sans mauvais jeu de mots. L'action se déroule uniquement dans le village et ses proches environs. On se demande vraiment où a voulu en venir Uderzo. Lui qui clamait qu'après sa mort il n'y aurait plus de nouvel album, pour ne pas dénaturer Astérix, c'est précisément ce qu'il a fait avec cet ouvrage.

    En ayant découvert la couverture, je m'étais déjà imaginé tout un scénario. Astérix aurait été frappé par une comète qui lui ferait changer de personnalité. Il serait passé du côté obscur de la force et aurait même pu aller vendre de la potion magique aux romains, qui se seraient emparés du village. César serait arrivé, triomphant, et aurait envoyé tout le village à Rome. Chacun des habitants serait esclave et affecté à des tâches différentes, et inhabituelles, du fait de leur résistance à César depuis de si longues années. On peut imaginer Obélix en goûteur officiel de César, mais qui au lieu de goûter ne laisserait que quelques miettes à son patron. Les gaulois finiraient par en avoir assez de cette situation et prépareraient une rébellion en cachette...

    Avouez que cette histoire aurait eu de la gueule, non ?

     

    Ici, rien de tout cela. Uderzo mêle les genres et à certains moments, on a l'impression de lire un manga. Astérix contient des combats entre deux extraterrestres ! L'un des méchants rappelle fortement le Grinch, de Jim Carrey, et le gentil ET ressemble à s'y méprendre à Astroboy, la couleur bleue en plus. Et si la planète d'origine de ces êtres vous dit quelque chose (TADSYLWINE), c'est normal. Uderzo s'en explique en fin d'album, c'est l'anagramme de WALT DISNEY, à qui l'auteur a tenu à rendre hommage.

    Du n'importe quoi, on vous dit !

    J'ai lu cet album en mois d'une demi-heure, et la surprise a vite fait place à la lassitude. Ca tourne en rond, ça manque de clins d'oeil... il ne reste presque rien de ce qui faisait le charme de la série. Vous me direz, ça fait déjà longtemps que c'est le cas. C'est vrai, mais les autres aventures d'Uderzo étaient loin d'être aussi ratées. Rappelez-vous de La rose et le glaive par exemple. Il n'y a pas à douter que cet album battra une nouvelle fois des records de vente mais ce ne sera certainement pas dû à la qualité du tout. Il est assez déplorable de vouloir profiter d'une marque préstigieuse sans se donner la peine de proposer un scénario plus abouti. Quatre ans ont étés necessaires et le temps de travail ne se remarque aucunement. C'en est arrivé à un tel point que je me demande si j'achèterai le prochain album, prévu pour les 50 ans d'Astérix. Uderzo a dit qu'il le ferait seulement si il a une bonne idée de scénario. Tout dépend de sa conception du mot « bon ».

    En bref, cet album ravira seulement les bibliothèques, qui pourront s'enorgueillir d'avoir la série complète des Astérix. Et peut-être les jeunes lecteurs, fans de Dragon Ball Z et ne pouvant encore juger de la qualité d'une histoire.

    La presse n'est pas dupe, qui reproche notamment au dessinateur de cacher jusqu'à la dernière minute les nouveaux albums, pour en dissimuler la médiocrité. Voici quelques extraits...

     

    REVUE DE PRESSE

     Uderzo (re)passe à la caisse

    « C'est un véritable cauchemar Astérix ! » ; « Ah ! Tu vois que ce n'est pas drôle !!! » Cet extrait du nouvel album des aventures d'Astérix est l'une des rares vignettes que l'on ai pu voir, tant le secret a été gardé jusqu'à sa sortie aujourd'hui. Est-il prémonitoire ? On ne va pas tarder à le avoir (8 millions d'exemplaires sont mis en place dans 27 pays), même si les vrais astérixophiles sont persuadés que les aventures des Gaulois n'ont plus aucune saveur depuis une vingtaine d'années et la disparition de l'un de ses deux pères, Goscinny. C'est en effet son deuxième père, Uderzo, qui s'occupe de tout, textes et dessins, et il faut en convenir : Astérix n'est plus drôle. Selon certains ce 33e album pourrait bien être le dernier. Tant mieux, par Toutatis. »

    [Métro, édition du vendredi 14 octobre]


     

    «  Au moment où nous écrivons ces lignes, les pages du prochain Astérix sont encore tenues secrètes. La qualité décevante des tomes parus depuis la mort de Goscinny explique sans doute pourquoi aucun journaliste ne peut les voir. Elle rappelle que le succès d'Astérix est beaucoup dû à l'immmense talent de son scénariste. »

    [Spirou, semaine du 5 octobre 2005]

     

     

    Des robots dans Astérix ? Trop c'est trop !

    Oubliez à jamais si ce n'est déjà fait, et depuis longtemps les belles années du journal Pilote : Astérix n'est plus qu'une grosse business. Mais vous le savez bien, on le répète depuis des lustres.

    Le titre de cette dernière livraison est éloquent : Le ciel lui tombe sur la tête. Chant du cygne pour Albert Uderzo, qui, depuis la mort de son complice René Goscinny en 1977, tâche de bien conserver le cadavre d'Astérix en survie artificielle. Avec raison, les puristes et les vrais amateurs de BD diront que le petit Gaulois futé et dopé à la potion magique est, sinon mort, du moins plus tellement fort depuis la disparition de Goscinny, et qu'Astérix n'est plus grand-chose qu'une franchise. Une entreprise, une machine à sous sans doute très rentable, mais froide comme un vidéopoker.

    Le vendredi 14 octobre 2005

    <spacer width="8" type="block">

    <spacer type="block" height="1">

     

    Oubliez à jamais si ce n'est déjà fait, et depuis longtemps les belles années du journal Pilote : Astérix n'est plus qu'une grosse business. Mais vous le savez bien, on le répète depuis des lustres.

    Le titre de cette dernière livraison est éloquent : Le ciel lui tombe sur la tête. Chant du cygne pour Albert Uderzo, qui, depuis la mort de son complice René Goscinny en 1977, tâche de bien conserver le cadavre d'Astérix en survie artificielle. Avec raison, les puristes et les vrais amateurs de BD diront que le petit Gaulois futé et dopé à la potion magique est, sinon mort, du moins plus tellement fort depuis la disparition de Goscinny, et qu'Astérix n'est plus grand-chose qu'une franchise. Une entreprise, une machine à sous sans doute très rentable, mais froide comme un vidéopoker.

    Afin de séduire les jeunes générations, Uderzo (au scénario et au texte) mêle le petit univers bucolique de nos braves Gaulois à celui des extraterrestres, des superhéros en collants à l'américaine, des robots empruntés à l'univers des mangas les plus infantiles, enfin il nous sert un mélange de genres assez peu digeste, et irrespectueux de l'oeuvre générale. Des robots dans Astérix? Trop, c'est trop.

    En épilogue, Uderzo dédie son travail à Walt Disney «qui, de fameux et prodigieux druide qu'il était, nous a permis, certains confrères et moi, de tomber dans la marmite d'une potion dont il détenait seul le grand secret». C'est joli, c'est gentil. Mais pensez à ce que produisent trop souvent les machineries Disney : de la marchandise, tout juste bonne à égayer les mioches pendant les dimanches de pluie.

    Ce dernier Astérix full cool, formaté par papi Uderzo aux goûts des jeunes PlayStation, se vendra comme des petits pains, c'est certain, et on n'y peut rien. Mais à tous ceux qui s'ennuient des calembours, des mots d'esprit, des renvois historiques et des références intelligentes de feu René Goscinny, Le ciel lui est tombé sur la tête n'est pas qu'une déception (c'était attendu), mais une sorte d'ultime sacrilège.

    À quand un Astérix cyperpunk, hip-hop et techno-trash? À quand un Astérix XXX? Avis aux parents : ressortez et proposez les classiques comme Astérix et Cléopâtre, Astérix Légionnaire, Astérix en Hispanie, Le domaine des dieux et autres chef-d'oeuvres de la bande dessinée populaire, écrits par un véritable auteur et magnifiquement illustrés par Uderzo, grand artiste malgré tout, à qui il ne manque qu'un grand Goscinny...

    [Cyberpress]

    A PEINE a-t-il fait son entrée dans la salle de réception des éditions Albert René (située avenue Victor-Hugo dans le XVIe arrondissement de Paris, s'il vous plaît), Albert Uderzo provoque un attroupe ment. Et l'on comprend que le cocréateur d'Astérix et Obélix – avec son ami de toujours René Goscinny – est devenu ce que l'on peut appeler une «légende vivante». Quand on vient de fêter ses soixante ans de carrière, que l'on a repris seul le flambeau de la série et que l'on réalise seul un 33e album, dont le tirage atteint le chiffre pharaonique de 8 millions d'exemplaires, on est en droit de prétendre à certains égards. Pourtant, à 78 ans, Albert Uderzo a su rester simple et étonnement modeste. Dans ce nouvel album, on découvre que le village gaulois a entièrement été pétrifié par un mal mystérieux. Une sorte de soucoupe volante a statufié nos chers Gaulois, et bientôt, nos héros se retrouvent au centre d'une guerre inter sidérale, entre les gentils «Toons» façon Walt Disney, opposés à des méchants Mangas, plutôt vantards, qui cherchent à voler la potion magique.


    LE FIGARO. Comment vous est venue cette idée ?
    Albert UDERZO. Je vous dirai très sincèrement que je ne m'en souviens pas. Ce que je peux vous dire, en tout cas, c'est qu'elle n'est pas sortie de l'actualité, d'un film, des médias... Ou d'un fait historique, comme par exemple dans Astérix légionnaire.


    Astérix et Obélix affrontent une situation pour le moins inédite...
    Astérix et Obélix, c'est vrai, se retrouvent dans une situation totalement inhabituelle. Une situation à laquelle René n'aurait pas pu penser, car elle se rapporte plutôt à ma sensibilité fantastique, mon goût pour le merveilleux. Comme lorsque, en 1987, j'ai mis en scène Astérix chez Rahazade. Une chose est sûre, Astérix, comme moi, a toujours eu horreur des vantards. Dans cette aventure, il va tout mettre en oeuvre pour combattre ce type de personnage, ce type de force supérieure, que l'on peut également voir comme une menace symbolique, susceptible de fondre sur le village de nos chers irréductibles.


    Comment avez-vous eu l'idée de la couverture ?
    J'ai voulu imaginer une couverture neutre, préservant le mystère de l'album. Et puis je me suis aperçu, après coup, que j'avais dessiné un Astérix qui frappe la foudre avec son poing, semblable à celui de la toute première aventure, Astérix le Gaulois, parue en 1961. Les Romains ont été remplacés par une boule de feu. Dans Astérix le Gaulois, mon irréductible moustachu donnait un crochet du gauche. A l'inverse, sur cette couverture-miroir, c'est de son poing droit qu'il décoche son uppercut. Parfois, le subconscient fait des siennes, voyez-vous ! Certains ont vu dans ce détail le symbole d'un dernier album qui fermerait la parenthèse des aventures d'Astérix. Que Toutatis m'entende, si Dieu me prête encore vie assez longtemps, je compte bien écrire et dessiner une autre aventure de mes chers Gaulois.


    Prenez-vous toujours autant de plaisir à dessiner ?
    Croyez-moi, c'est une vocation. D'ailleurs, quand j'ai commencé, il y a soixante ans, le métier n'existait même pas. A 78 ans, je vous rassure, ce plaisir est toujours intact. Je n'ai pas l'impression de perdre la main. Maintemant, j'ai tellement de métier dans les pattes. Parfois, je sens même que ça va s'améliorant. Quand je réussis une case comme celle où Obélix «shoote» dans un champignon, de rage, cela me cause un plaisir extrême.


    Après soixante ans de carrière, n'êtes-vous pas devenu une légende vivante du 9e art ?
    Mon Dieu non ! Je ne suis pas une légende vivante. Je ne suis qu'un dessinateur. Et je ne tiens absolument pas à être statufié de mon vivant. Comme disait René Goscinny : «Nous ne sommes que des drôles.» En nous amusant, nous espérons simplement faire rire les autres. De plus en plus souvent, on me dit qu'Astérix est devenu un mythe. Oui, je crois que les personnages peuvent devenir mythiques. Mais certainement pas nous, leurs pères !

     

    Des bagarres ? Il y en a. C'est le côté goudurix ­ ou goût des rixes ­ de monsieur Albert. Des gros pifs ? Il y en a aussi. C'est le péché très mignonix de monsieur Albert, son idée fixe, ces nez replets, dodus et moelleux dont les psys nous diront peut-être un de ces jours qu'ils correspondent, chez le dessinateur d'Astérix, à une nostalgie du sein maternel et des ballons rouges de l'enfance. Des pirates ? Bien sûr qu'il y en a. Que serait un album des aventures du petit Gaulois sans un borgne et une jambe de bois à passer par le fond après une bataille navale expédiée en quelques bulles ?

    Un banquet de fin (ou de faim) ? Affirmatif, il y en a bien un, et même deux, dans le dernier album, 33e du nom, intitulé Le ciel lui tombe sur la tête, un ciel qui se découvre dans toute la Gaule et au-delà ce vendredi 14 octobre. Uderzo mettant les petits plats dans les grands, il a conçu à côté du sempiternel dîner final un déjeuner diurne. Et, une fois n'est pas coutume, ce n'est plus le même qui trinque. Comprenez qu'Assurancetourix, dont la police d'assurance a sans doute été négociée auprès de l'auteur, ne termine pas ficelé comme un sanglier, bâillonné et censuré. Non, cette fois il chante bel et bien (ce qui est beaucoup dire) et joue même les héros en présence de l'ennemi.

    Quant aux sangliers, soyons franc, on les trouve pâlots et falots, victimes d'une soudaine léthargie qui en fait perdre son latin, ou plutôt son gaulois, à Obélix.

    Ces quelques amuse-gueule jetés en pâture, il est temps de révéler une vérité tout ce qu'il y a de plus vrai : Albert Uderzo ment. Ment comme un arracheur de menhirs. Ment plus fort encore que Soupalognon y croûton quand il faisait sa mauvaise tête. Qu'on en juge : le complice de Goscinny, sans doute influencé par l'art du bobard du très regretté scénariste, nous balade sur son âge. Et au lieu de se rajeunir, comme le font parfois les vieux beaux sur le retour, il se vieillit à dessein ­ mais pas dans le dessin, c'est bien là qu'on veut en venir.

    Albert Uderzo prétend en effet, discrètement mais sans détour, avoir 78 ans. La bonne blague. L'album que nous avons découvert est l'oeuvre d'un garnement de 7 à 8 ans, mais pas de 78 ans. Ou alors, c'est que l'effet de la potion magique est encore plus fort que midable, comme disait un certain Séraphin Lampion, dont l'humour aurait sûrement agacé Obélix.

    Car autant l'avouer, en disant "33" à ses fans, Uderzo prouve qu'il a une de ces fièvres de grand gosse qui donnent la berlue, des hallucinations et tutti quantix. Tenez-vous bien, il s'en passe des bizarres dans le célèbre petit village d'Armorique. Le dessinateur voit des fusées partout, pas même des fusées, d'ailleurs, mais plutôt des engins spatiaux (et semble-t-il très spacieux) venus d'ailleurs, remplis de bonshommes plus bizarres encore que d'habitude, pas des sosies de Pierre Tchernia ou de Jean Gabin, ça aurait fait vieux jeu. Non, des clones et des personnages à tête de clown, des sortes de Goldorak et des espèces de supermen. Si vous n'y croyez pas, allez-y voir pour de bon, et vous verrez bien que le ciel nous tombe vraiment sur la tête. Vous aurez aussi la confirmation qu'Uderzo ne fait pas son âge. Mieux : il n'a même pas atteint l'âge de raison.

    [Le Monde]

    Cessez le massacre!
    Uderzo a réussi le pari qui semblait impossible, faire pis encore que "la galère d'Obélix", aussi incroyable que cela puisse paraître. N'y a-t-il personne pour lui dire qu'il ne fait plus rire? Que ces gags sont éculés, usés jusqu'à la corde, de mauvais goût et indignes de son brillant passé?
    Astérix, Obélix et Panoramix sont les seuls habitants du village qui résiste encore et toujours à l'envahisseur à ne pas se retrouver paralysés par une invasion d'extraterrestres.
    Un personnage à la tête de Schwartzenegger se balade en costume de superman, il y a des fusées, un Goldorak.... STOOOOOOOP! Par pitié, Monsieur Uderzo, vous êtes riche, vous avez de quoi remplir votre Ferrari, alors arrêtez, et laissez-nous un bon souvenir.
    Ha... Pourquoi 1 étoile et demi? Pour le dessin, et pour les bons souvenirs des anciens albums.

    [Critiques LIbres.com]

    Nous sommes encore en 50 avant JC et notre célèbre village peuplé d’irréductibles Gaulois n’est toujours pas lassé de résister à l’envahisseur. Sauf que dans le 33e tome des aventures d’Astérix et cie, ces derniers ne viennent plus des camps romains de Babaorum, Aquarium, Laudanum ou Petibonum... mais du ciel !

    Par Toutatis, rien ne va plus au village d’Abraracourcix ! Ses chers concitoyens se retrouvent figés en statues tandis qu’une étrange boule dorée flotte au-dessus des huttes. A son bord : un extraterrestre avec des faux airs de Mickey Mouse et qui, à peine le pied posé, réclame le secret de la potion magique au druide Panoramix... qui est prêt à le lui donner !

    Le ciel lui tombe sur la tête mérite décidément bien son nom. L’ultime album de la saga Astérix plonge en effet notre petit blond moustachu et son meilleur ami tombé dans la marmite quand il était petit face à de bien curieux personnages. Car nos E.T. rappellent étrangement des VIPs célèbres - réels ou imaginaires - de Superman à Goldorak en passant par Arnold Shwarzenegger.

    Ajoutons à cela une armée de robots menaçants, des courses poursuites sur des motos-jets tout droit sorties d’un épisode de Star Wars ou encore des allusions à Batman et Spiderman. Un univers qui se veut bien plus proche des jeux vidéo (en particulier Astérix et Obélix XXL 2 sorti il y a deux semaines) que de la BD culte. En témoignent des Romains et des sangliers quasiment invisibles entre le prologue et l’épilogue, épilogue dans lequel - pour la première fois en 46 ans - Assurancetourix le barde ne finit pas ficelé à son arbre. Sacrilège !

    Le ciel serait-il aussi tombé sur la tête d’Uderzo ? Longtemps snobé par les Etats-Unis*, voici que le dessinateur belge se met à américaniser son public. Nos ancêtres les Gaulois doivent s’en retourner dans leur tombes...

    * chaque tome des aventures d’Astérix a été publié dans plus de 27 pays, mais jamais aux USA

    [Ados.fr]

    Huit millions d'exemplaires dans 27 pays et en 13 langues, dont 3,2 millions en France: le 33e album des aventures d'Astérix a déferlé dans les librairies vendredi, levant un secret bien gardé.
    Dans "Le ciel lui tombe sur la tête" (Ed. Albert-René), histoire inédite imaginée et dessinée par Albert Uderzo, les Gaulois irréductibles et moustachus sont aux prises avec plus inquiétant que les légions romaines: des êtres venus d'autres galaxies.
    Des extra-terrestres qui n'impressionnent surtout pas le chef du village Abraracourcix qui, à un moment, dit à un de ses homologues de l'espace: "Nous n'avons qu'une peur, Môssieu, que le ciel ne nous tombe sur la tête..."
    Attirés par la potion magique, les extra-terrestres ont débarqué près du petit village celte. Il y en a de gentils (arrivés à bord d'une boule ronde, avec notamment "P'tit Violet"), et des méchants (les "Nagmas", qui veulent se servir de la potion pour prendre le pouvoir). Sans oublier les Romains, toujours là, également confrontés aux "Nagmas" mais qui voient aussi en eux le moyen de se débarrasser des Gaulois.
    Bagarres avec les légions de Jules César ou entre extra-terrestres, Idéfix réduit à un jouet sans forme, "P'tit Violet" qui a le pouvoir de le ramener à la vie normale, le druide Panoramix qui ruse avec les "Nagmas", Obélix qui se délecte toujours autant de taper sur du Romain: les 33es aventures des Gaulois ne manquent pas de rythme et d'humour.
    Mis en couleur dans le Pas-de-Calais, "Le ciel lui tombe sur la tête" multiplie les clins d'oeil aux célébrités actuelles, vedettes de la chanson ("Crac Boum Hue" et Jacques Dutronc, mais sans son éternel cigare) ou stars du cinéma (un des extra-terrestres a les traits d'Arnold Schwarzenegger, mais "j'espère qu'il ne m'en voudra pas trop", s'est excusé Uderzo sur LCI).
    Il y aussi, entre autres morceaux savoureux, une allusion aux dialogues Bourvil-De Funès au début du "Corniaud" (quand le vaisseau spatial connaît des problèmes pour repartir, une des répliques est: "De toute façon, elle va moins bien marcher..."), une référence à la convention de "Genava" sur les armes de guerre ("Corne de bouc! Les Gaulois emploient des moyens qui devraient être interdits"), ou un hommage à Walt Disney à travers un personnage, Iadsylwien ("le grand Walt Disney, prodigieux druide, qui nous a permis, certains confrères et moi, de tomber dans la marmite d'une potion dont il détenait seul le grand secret", dit Uderzo).
    Sur la couverture de ce 33e album, on découvre un Astérix vengeur sous un titre zigzaguant qui apparaît pour la première fois.
    Vingt-huit ans après la mort de son complice le scénariste René Goscinny en 1977, Albert Uderzo, 78 ans, se voit régulièrement interrogé sur la suite des aventures du petit Gaulois moustachu: "Le ciel lui tombe sur la tête", point final? Il reste évasif, lui qui a réalisé neuf albums en solo, mais ajoute: "N'en déplaise aux grincheux, je n'ai pas l'intention d'arrêter tant que je trouverai des aventures qui ne nuiront pas à l'image des personnages". AP

    [Le nouvel Obs]

    On le comprend, car plus les années passent, plus les aventures du plus célèbre Gaulois sombrent dans la médiocrité. « Astérix et Latraviata » (2001) ? Une vague histoire de sosies de Falbala, avec l'apparition, ex nihilo, des parents d'Astérix. Quant à « La galère d'Obélix » (1996), elle l'est surtout pour le lecteur, avec un Obélix qui retombe en enfance... Mal fagoté, bancal, navrant. A des années-lumière de la critique sociale bon enfant, des jeux de mots flamboyants, des situations vaudevillesques, génialement absurdes, portées à des Himalaya de force comique par Goscinny. Donc, on comprend. Le scénario, Uderzo (78 ans) n'est pas tombé dedans quand il était petit. Les embargos fonctionneraient-ils comme des cache-misère ?

    [Le Point]

    Toute la bonne volonté du monde, tous les efforts pour garder l'oeil émerveillé de l'enfance n'y auront rien fait. Il faut se rendre à l'évidence : le 33e album des aventures d'Astérix le Gaulois, Le ciel lui tombe sur la tête, n'est guère digne d'intérêt.

    Sans imagination, sans saveur
    Une fois encore, force est de constater que le pauvre petit Gaulois moustachu est vraiment orphelin, abandonné à des aventures sans saveur et sans imagination, et ce, de façon constante, depuis la disparition du scénariste d'origine, René Goscinny... il y a près de 30 ans! Après les très ordinaires La rose et le glaive, La galère d'Obélix et La Traviata, Le ciel lui tombe sur la tête déçoit une nouvelle fois tous ceux qui voudraient à tout prix retrouver un peu de la magie de leur héros d'enfance dans ce dernier opus signé Albert Uderzo, un album mis en marché à coups de massue médiatique.

    Xbox, Goldorak et Walt Disney
    Pourquoi les habitants du village sont-ils pétrifiés? Quelle est cette sphère monstrueuse qui plane au-dessus de leur tête? Des extraterrestres, deux peuples ennemis aux formes et couleurs bizarres, s'affrontent au milieu des irréductibles Gaulois pour gagner la possession de la potion magique, arme suprême. Robots à la Goldorak, petites créatures inspirées des bandes dessinées modernes, batailles à la Xbox, allusions à la société américaine, l'histoire est l'occasion d'une débauche de références susceptibles de plaire au jeune public imbibé de technologie, de Walt Disney et autres mangas, tous ces renvois d'ailleurs fort peu subtilement amenés.

    Scénario mince
    Il s'agit bien entendu ici encore d'un combat entre le bien et le mal, dans lequel nos sympathiques Gaulois et leurs ennemis naturels, les Romains, semblent perdus, passant avec des réflexions anodines, comme des touristes, dans cette histoire au scénario hypermince et aux gags vus et revus, où même les baffes les plus sonnantes nous laissent de marbre.

    Snif, adieu le second degré
    Très peu de second degré, de références culturelles ou politiques, bref de ce qui faisait que dans les anciens Astérix, on pouvait voir l'adulte rivé à l'album, par-dessus l'épaule d'un gamin non moins fasciné, des heures durant. C'était jadis, car cet album-ci se lit très vite, ne forçant nullement la réflexion.

    Dessin constant
    Bon, notons tout de même quelques clins d'oeil sympathiques (je cherche...), comme par exemple le clone à la silhouette de Schwarzenegger et des références à l'impérialisme américain. Le dessin, lui, est par contre toujours beau; certaines grandes planches de batailles entre robots et clones sont très réussies.

    Dommage
    Mais s'il persiste à vouloir vendre son héros, pourquoi Uderzo n'a-t-il pas opté pour partager la gloire avec un bon scénariste, pour au moins offrir un « produit » de qualité, plutôt que de continuer à esquinter l'image du petit Gaulois teigneux naguère si truculent, si lapidaire, et qui ne semble aujourd'hui que l'ombre de lui-même? Dommage pour nos enfants.



  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :